Tobie chapitre 2
- Après cela, une fête du Seigneur étant venue, et un grand repas ayant été préparé dans la maison de Tobie,
- il dit à son fils : " Va et amène quelques hommes de notre tribu, craignant Dieu, afin qu'ils mangent avec nous. "
- Son fils partit ; à son retour, il lui annonça qu'un des enfants d'Israël, qu'on avait assassiné, gisait dans la rue. A l'instant, Tobie se leva de table et, laissant là le repas sans avoir rien mangé, arriva au cadavre,
- le prit et le rapporta secrètement à sa maison, afin de l'inhumer avec précaution après le coucher du soleil.
- Lorsqu'il l'eut caché, il prit son repas avec larmes et tremblement,
- au souvenir de cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos : " Vos jours de fêtes seront changés en gémissements et en deuil. "
- Puis, quand le soleil fut couché, il sortit et mit le corps en terre.
- Tous ses voisins le blâmaient en disant : " On a déjà ordonné de te faire mourir pour ce sujet, et à peine as-tu échappé à cet arrêt de mort, que tu recommences à donner aux morts la sépulture ! "
- Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, enlevait les corps de ceux qui avaient été tués, les cachait dans sa maison et les inhumait pendant la nuit.
- Un jour qu'il s'était fatigué à donner la sépulture aux morts, étant rentré à sa maison, il se jeta au pied de la muraille et s'endormit.
- Pendant qu'il dormait, il tomba d'un nid d'hirondelles de la fiente chaude sur ses yeux, et il devint aveugle.
- Dieu permit que cette épreuve lui arrivât, afin que sa patience, comme celle du saint homme Job, fût donnée en exemple à la postérité.
- Car, ayant toujours craint Dieu dès son enfance et observé ses commandements, il ne s'attrista pas contre Dieu de ce que le malheur de la cécité l'avait atteint.
- Mais il resta inébranlable dans la crainte de Dieu, lui rendant grâces tous les jours de sa vie.
- De même que les chefs de tribu insultaient au bienheureux Job, ainsi les parents et les amis de Tobie raillaient sa conduite, en disant :
- " Qu'est devenue ton espérance, pour laquelle tu faisais des aumônes et donnais la sépulture aux morts ? "
- Tobie les reprenait en disant : " Ne parlez pas ainsi ;
- car nous sommes enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne lui retirent jamais leur fidélité. "
- Anne, sa femme, allait tous les jours tisser de la toile et, par le travail de ses mains, elle rapportait, pour leur entretien, ce qu'elle pouvait gagner.
- Il arriva ainsi qu'ayant reçu un chevreau, elle l'apporta à la maison.
- Son mari, ayant entendu le bêlement du chevreau dit : " Voyez si ce chevreau n'aurait pas été dérobé, et rendez-le à son maître, car il ne nous est pas permis de rien manger qui provienne d'un vol, ni même d'y toucher. "
- Alors sa femme répondit avec colère : " Il est manifeste que ton espérance est devenue vaine ; voilà ce que t'ont rapporté tes aumônes ! "
- C'est par ces discours et d'autres semblables qu'elle l'injuriait.
Enregistrement audio de la bible catholique Crampon dans son édition de 1923 réalisé par Mission-web.com. Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons (aucune utilisation commerciale, partage à l'identique).
- Sous le règne d'Asarhaddon, je revins donc chez moi, et ma femme Anna me fut rendue avec mon fils Tobie. A notre fête de la Pentecôte la fête des Semaines , il y eut un bon dîner. Je pris ma place au repas,
- on m'apporta la table et on m'apporta plusieurs plats. Alors je dis à mon fils Tobie : "Va chercher, mon enfant, parmi nos frères déportés à Ninive, un pauvre qui soit de cur fidèle, et amène-le pour partager mon repas. J'attends que tu reviennes, mon enfant."
- Tobie sortit donc en quête d'un pauvre parmi nos frères, mais il revint et dit : "Père!" Je répondis : "Eh bien, mon enfant?" Il reprit : "Père, il y a quelqu'un de notre peuple qui vient d'être assassiné, il a été étranglé, puis jeté sur la place du marché, et il y est encore."
- Je ne fis qu'un bond, laissai mon repas intact, enlevai l'homme de la place, et le déposai dans une chambre, en attendant le coucher du soleil pour l'enterrer.
- Je rentrai me laver, et je mangeai mon pain dans le chagrin,
- avec le souvenir des paroles du prophète Amos sur Béthel Vos fêtes seront changées en deuil et tous vos cantiques en lamentations.
- Et je pleurai. Puis, quand le soleil fut couché, j'allai, je creusai une fosse et je l'ensevelis.
- Mes voisins disaient en riant : "Tiens! Il n'a plus peur." Il faut se rappeler que ma tête avait déjà été mise à prix pour ce motif-là. "La première fois, il s'est enfui; et le voilà qui se remet à enterrer les morts!"
- Ce soir-là, je pris un bain, et j'allai dans la cour, je m'étendis le long du mur de la cour. Comme il faisait chaud, j'avais le visage découvert,
- je ne savais pas qu'il y avait, au-dessus de moi, des moineaux dans le mur. De la fiente me tomba dans les yeux, toute chaude; elle provoqua des taches blanches que je dus aller faire soigner par les médecins. Plus ils m'appliquaient d'onguents, plus les taches m'aveuglaient, et finalement la cécité fut complète. Je restai quatre ans privé de la vue, tous mes frères en furent désolés; et Ahikar pourvut à mon entretien pendant deux années, avant son départ en Elymaïde.
- A ce moment-là, ma femme Anna prit du travail d'ouvrière, elle filait de la laine et recevait de la toile à tisser,
- elle livrait sur commande et on lui payait le prix. Or, le sept du mois de Dystros, elle termina une pièce et elle la livra aux clients. Ils lui donnèrent tout son dû, et de plus ils lui firent cadeau d'un chevreau pour un repas.
- En rentrant chez moi, le chevreau se mit à bêler, j'appelai ma femme et lui dis : "D'où sort ce cabri? Et s'il avait été volé? Rends-le donc à ses maîtres, nous n'avons pas le droit de manger le produit d'un vol."
- Elle me dit : "Mais c'est un cadeau qu'on m'a donné par-dessus le marché!" Je ne la crus pas, et je lui dis de le rendre à ses propriétaires j'en rougissais devant elle . Alors elle répliqua : "Où sont donc tes aumônes? Où sont donc tes bonnes uvres? Tout le monde sait ce que cela t'a rapporté."
© Les Éditions du Cerf 1997
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